« Rien ne travaille plus puissamment pour les intérêts de la tyrannie que l’ignorance »
Lakanal (1742-1845).
La période post-révolution française verra se concrétiser quelques-unes des suggestions des philosophes des dernières années de l’Ancien Régime, et ceci pour des raisons économiques, militaires et parfois même sociales. Cela aura pour résultat la mise en place d’un nouveau groupe professionnel capable et désireux d’appliquer un « savoir-faire », encore limité, à l’industrie française naissante.
En 1793-94, la Convention reprend la ligne de pensée de d’Alembert : alors que la situation militaire impose un accroissement de la production, les Jacobins tentent de favoriser le développement de l’enseignement scientifique.
D’où la création du Conservatoire des arts et métiers, chargé d’assurer une formation élémentaire en mathématiques et en dessin industriel aux artisans et à leurs enfants, afin qu’ils soient aptes à répondre aux besoins de la production industrielle.
La création du Conservatoire national des arts et métiers (Cnam) est due à l’abbé Henri GREGOIRE et date du 10 octobre 1794, année à laquelle l’École polytechnique et l’École normale supérieure furent également fondées, les “Arts & Métiers” s’inscrivant dans la suite logique des travaux des encyclopédistes : chacun pouvait alors accéder librement à la connaissance hors des corporations détentrices des savoirs transmis par compagnonnage.
Le Cnam était ainsi un outil de diffusion des savoirs ouvert et en charge d’instruire tous ceux qui le souhaitaient, par ailleurs investi d’une mission ambitieuse : « perfectionner l’industrie nationale ».
La devise actuelle du Cnam “Docet Omnes Ubique” (“Il enseigne à tous et en tous lieux”) montre un glissement sémantique qui ne prend plus en compte la mission de développement industriel. Il s’agit d’instruire et d’élever en républicains cette génération issue de la Révolution.
En 1794, l’abbé Grégoire prend la parole à la Convention : « Je viens vous présenter les moyens de perfectionner l’industrie nationale. La création d’un Conservatoire pour les arts et métiers, où se réuniront tous les outils et machines nouvellement inventés ou perfectionnés, va éveiller la curiosité et l’intérêt… Eclairer la classe la plus utile, celle des cultivateurs, des ouvriers et des artistes… »
Il fallait une éducation technique à ceux qui se destinaient aux arts mécaniques. Il fallait un dépôt d’instruments, d’outils, de machines, de dessins, de livres dans tous les genres d’arts et métiers.
On coupla les deux : conserver les machines, initier les citoyens à leur fonctionnement ; naissance du musée des arts et métiers et formation associée.
La société contemporaine dépend de plus en plus des sciences et des techniques. Les innovations et leurs applications concernent et affectent tous les individus dans leur vie quotidienne et dans l’exercice de leurs professions.
Pourtant, la science est difficile à comprendre dans sa complexité et la diffusion des connaissances se fait difficilement, malgré la diversification des moyens de communication. Les métiers et les formations scientifiques et techniques souffrent d’un manque d’attractivité, le patrimoine scientifique et technique manque de reconnaissance et les applications technologiques contemporaines suscitent souvent des réactions de méfiance.
Les sciences et les technologies doivent faire partie de la culture et de la formation de tous. Il faut replacer la science au cœur de la société et attirer vers elle les jeunes.
La diffusion de la culture scientifique et technique se différencie de l’information et de la vulgarisation des résultats de la recherche par le fait qu’elle transforme ces résultats en données appartenant à la culture générale contemporaine.
L’objectif principal est donc de replacer les objets, les pratiques, les procédés, les résultats, les échecs… dans le contexte culturel et, en premier lieu, dans le développement de la science et de la technique dans la société.
Considérée sous cet aspect, la culture est indispensable aux scientifiques, toutes disciplines confondues, comme aux non-spécialistes de la recherche.
Elle donne aux citoyens les outils pour porter un regard averti et responsable sur l’évolution des sciences et des techniques, afin de pouvoir en saisir les enjeux et les impacts sur la société et de développer l’innovation.
La diffusion de la culture scientifique et technique transmet ce qu’est l’esprit scientifique et technique (observer, mener un travail modeste et patient, construire de façon méthodique un raisonnement rigoureux, imaginer, inventer, être curieux) et participe en cela à la construction de chaque individu.
Les retombées de ces actions peuvent être utiles et nécessaires à plusieurs catégories de personnes :